Temps d’Amour et temps de Bricolage depuis tant d’années

Dr Pascale GIRAVALLI — Marseille

PRÉAMBULE

Je suis venu seule. C’est pour moi un moment de transition : je me sépare d’une équipe et nous en créons une nouvelle…
Le processus de création est en cours
Quand j’ai donné le titre je suis allée trop vite comme souvent…
Lorsque j’ai proposé, aux organisateurs, d’intervenir dans ces journées j’étais portée par le sentiment, sentiment/sensation/conviction/ conviction délirante sans doute, qu’il est de plus en plus difficile de mixer les lieux… que l’entre soi est de plus en plus de mise
Que sortir de son lieu d’exercice pour rencontrer l’autre, converser, se disputer, s’aimer, se haïr puis s’entendre ou pas demande de l’énergie, de l’envie, du désir et sans doute beaucoup d’amour ou d’inconscience
J’ai un secret j’aime les rencontres, la polémique m’intéresse, la vie m’est toujours apparue comme un combat, c’est ainsi, cela fait de moi probablement ce que je suis.
J’exerce comme psychiatre en milieu pénitentiaire depuis fort longtemps, trop sans doute ? ou pas encore assez
Pourtant j’ai souvent l’impression que c’était hier que je me présentais devant la porte des Baumettes pour un stage d’interne
quelques années plus tard j’y suis revenue.
Le temps a passé et J’y suis restée…
On m’a souvent demandé pourquoi rester si longtemps dans un tel lieu : lieu hostile, véritable clinique expérimentale de la persécution, lieu de discrimination qui concentre les inégalités, la précarité, la pauvreté et où la psychose suinte des murs mais où la folie peut encore un peu s’y enfouir.
Depuis quelques mois j’ai quitté le lieu de la prison pour m’engager dans le projet d’ouverture d’un lieu de soin d’un nouveau type désigné sous un sigle improbable et hermétique à souhait : UHSA Unité Hospitalière Spécialement aménagée.
Ce nouveau dispositif de soin a été plébiscité par une partie de la communauté psychiatrique au début des années 2000. A l’époque la jeune psychiatre que j’étais s’est battu contre. Nous craignons alors la création d’une filière ségrégative, véritable usine à gaz et sans articulation possible avec les secteurs de psychiatrie générale. Mais l’explosion de la morbidité psychiatrique dans les prisons, les difficultés dans lesquelles sont la plupart les secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire et les secteurs de psychiatrie générale ne nous laisse me semble t il plus le choix.
J’ai ainsi décidé de participer avec de jeunes collègues et des équipes pour la plupart sans expérience dans le soin psychique, à interroger de l’intérieur, ce nouveau dispositif de soin et d’aider à la création et à la transmission de quelques savoir être et savoir faire :
Un autre de mes secrets : j’aime apprendre, découvrir et j’aime transmettre, je prends beaucoup de plaisir à voir les choses se transformer sous l’impulsion du désir et de l’envie des plus jeunes….
L’enjeu est majeur l’expérience passionnante.
Pour revenir aux UHSA, il s’agit d’ unités hospitalières sécurisées en périmétrie par l’administration pénitentiaire, les surveillants n’étant pas présents dans les unités de soins. Ces unités accueillent des patients détenus (hommes, femmes, mineurs à partir de 13 ans, majeurs) pour des soins psychiatriques en soins libres et en soins sans consentement.
La création de l’UHSA de Marseille et l’ouverture d’une première unité au début du mois de février 2018 est un exercice complexe à l’instar de l’ouverture de tout nouveau service.
La difficulté se trouve amplifier actuellement par un climat d’exaspération ambiante et de récriminations de la part d’une partie de la communauté psychiatrique : médicale et administrative de la région
l’UHSA semblant servir de détonateur à la résurgence de vieux dossiers explosifs laissés en jachère sous le tapis de la psychiatrie depuis des décennies…. articulations entre les hôpitaux, permanence des soins, concentration des budgets importants pour les UHSA au détriment des secteurs de psychiatrie et à l’intérieur de notre propre institution des règlements de compte entre narcisses.
Tout cela sous fond de GHT non choisi.
Quel bordel ! ou plutôt Quel pataquès pour rester dans les limites du convenable !
Il y a des jours où je me dis que finalement j’étais tranquille au fin fond de la prison à l’écart du monde…
Et pourtant les mêmes questions tournent en boucle dans ma tête, dans mon coeur et dans mon corps, questions qui me taraudent et me font avancer depuis tant et tant d’années : Mais qu’est que je fous là ? qu’est ce qui soutient ce désir à y être ? à monter régulièrement sur les premières lignes du front ?
Ricciotti l’architecte du somptueux et délicieux Mucem à Marseille a collaboré sous forme d’une longue interview à un petit livre au titre évocateur : L’architecture est un sport de combat
Il me plaît de penser que souvent, soigner relève d’un sport de combat : le premier combat est celui qu’on livre contre soi même : ses résistances, ses petits aménagements et lâchetés du quotidien, avec l’institution et la folie qui nous envahit, la facilité qui nous empêche de penser la complexité….et j’en passe.
A ce temps là de ma réflexion une question me vient et c’est de cela dont j’ai envie de vous entretenir aujourd’hui : finalement qu’est ce qui soutient ce désir depuis tant et tant d’années ? de quoi est fait cet engagement pour cette nouvelle aventure ? cet envie de créer, de transmettre, de soutenir …
Peut être que c’est tout simplement et si difficilement l’amour !
Ce sentiment confus de ne pas être là par hasard, mais portée, transportée à la fois par un idéal de l’humanité et du soin mais aussi par le désir et l’envie de multiplier les prétextes à la rencontre.
Pendant longtemps lorsque je me trouvais en conflit au sein de l’équipe et que quelqu’un avait cette phrase assassine pour éviter la dispute et clore toute velléités de discussion : « en fait tu ne m’aimes pas » je répondais en miroir, du tac au tac, en tension moi même : « on est pas là pour s’aimer mais pour travailler ensemble… ».
Il m’a fallu du temps, des rencontres, des supervisions, des nuits d’insomnie à m’inquiéter pour les patients, pour les soignants, pour moi aussi avant d’accepter l’évidence : l’amour ne semble pas premier à priori dans nos choix d’exercice et de lieux d’exercice mais oui il est sans doute ce supplément d’être au monde et d’être à l’autre qui nous guide et permet le soin. Il va ainsi émergé puis s’installer tranquillement comme une évidence au fil du temps.
Je sais maintenant au bout de 30 ans d’exercice que pour y être je ne peux pas ne pas aimer ! Aimer suffisamment mais pas trop non plus ni n’importe comment !
Ce sentiment chez moi s’est construit petit à petit à travers des rencontres avec de belles personnes mais aussi de moins belles dans un lieu improbable : la prison
Voilà pour l’Amour…
L’Amour et le plaisir
le plaisir a y être
le plaisir de la rencontre
la jubilation intérieure lorsque la rencontre fait sens
Le bricolage maintenant ? une évidence dans le soin…
J’ai toujours considéré le travail de soin comme celui d’un ouvrier ou d’une ouvrière de la psychiatrie à remettre sans cesse sur le métier l’ouvrage…à déambuler entre théorie et clinique… et surtout à se perdre pour mieux y revenir … une flânerie faite de va et viens incessants
quant à la certification ? elle m’a été annoncée pour septembre … nous verrons bien pour l’instant on me demande de rentrer les procédures dans le bon logiciel….
J’arrête là la liste à la Prévert
J’ai choisi surtout de vous parler d’amour et de bricolage !
Pour ce faire j’ai choisi d’évoquer les rencontres que j’ai pu faire pendant plus de 20 ans dans mon exercice à la prison des femmes.
Rencontres singulières avec ces femmes mises là ,en dépôt et dans l’attente : attente d’une visite, d’une sortie, attendre d’en finir ou pas d’ailleurs…. dans l’attente de mourir ou de renaître
Mais aussi rencontre avec des femmes : infirmières, médecins… surveillantes, directrices et des hommes les chefs comme elles disent….avec lesquelles au fil du temps il a été possible souvent de s’aimer ou pas mais toujours d’arriver à bricoler ensemble, tricoter, détricoter… chacun dans son style autour d’un fil invisible celui de l’universel féminin.

SÛREMENT UNE HISTOIRE DU CÔTE DU FÉMININ

J’ai encore rêvé d’elles… dit la chanson
J’ ai souvent rêvé d’elles
alors je vais vous parler d’elles au pluriel et de ce qui nous lie et nous relie.
Etre une thérapeute dans un lieu de femmes
Des femmes surveillées par des femmes (seuls les chefs peuvent être des hommes c’est la règle pénitentiaire)
Des femmes soignées le plus souvent par des femmes
Un lieu étonnant où se côtoient des femmes, des mères des bébés, des jeunes filles, et des dames plus âgées
Coline Cardi sociologue a étudiée les aspects du traitement pénal des femmes. Elle analyse à travers le prisme des rapports sociaux de sexe le traitement pénal mais aussi l’expérience et les trajectoires des femmes détenues. Son travail met en évidence l’ambivalence du traitement pénal qui repose sur une certaine conception des rôles de sexe renvoyant notamment les femmes détenus à un féminin maternel.
Lorsqu’on s’intéresse aux trajectoires et au contexte des passages à l’acte on se rend compte de la présence, de l’existence d’histoires d’amour, de passions amoureuse qui peuvent aller jusqu’à la destruction …
Derrière toutes ces histoires de vie que d’amour : amour des hommes amour de femmes amour d’enfants….

ALORS COMMENT PENSER LE CADRE DU SOIN / LE PENSER COMME UN CADRE POUR LE SOIN OU UN SOIN POUR LE CADRE ?

Mon coeur a plutôt tendance à balancer entre les 2
En ce lieu j’y suis restée 23 ans…
Au début nous avions à notre disposition, un temps compté de 2 demie journées par semaine : faut pas déconner me disait on elles ne sont que 150…. quand le nombre des hommes culminait à 1800.
Nous sommes finalement arrivés à « gratter » au fil des années une demie journée supplémentaire puis récemment 2 demies journées consacrées à la formation des internes (consultation assurée par un interne sous la supervision d’un senior comme ils disent).

LE LIEU DU SOIN : l’unité sanitaire

un bureau : une table et des chaises
2 psychiatres, une psychologue puis 2…puis une 3ème intervenant spécifiquement auprès des mineures
De l’autre côté une équipe médicale.
Les premières années les missions étaient revendiquée de part et d’autre comme bien séparées, les positionnements variaient selon les personnes d’un jour à l’autre : la teneur des appels au psychiatre se colorait intensément de la subjectivité de l’appelant : « je suis pas là pour parler » nous disait on souvent pour justifier d’un appel en urgence : « faut venir elle pleure;.. »….
Comment ne pas pleurer ????
Au fil du temps dans les équipes certains sont partis, d’autres sont passés et enfin certains sont restés… et puis il y a eu la mise en pôle qui paradoxalement pour nous n’a pas été une mise en « bière ». mais ne nous leurrons pas il repose sur la qualité et l’engagement des personnes.

ALORS QU’EN EST IL DU CADRE DU SOIN :

Ce qui a fait à la fois la difficulté et l’avantage de ce lieu c’est « sa mise à l’écart « vis à vis du reste de l’institution sanitaire et des représentations véhiculées par ceux qui n’en ont jamais franchis la porte : « toutes des hystériques devions nous entendre régulièrement »…. Comprenez soignées mais aussi soignants
L’essentiel des moyens des équipes se trouvait concentré dans la prison des hommes.
Ici petite équipe d’infirmières du service médical, 3 vacations de médecin généraliste, un peu de dentisterie, une gynécologue et une sage femme de l’équipe de PMI du Conseil départemental.
et depuis quelques années des infirmières du CSAPA distribuant quotidiennement les traitements de substitution
Et à côté petite équipe de psy mais sans infirmier
L’institution avec un grand I résidait du côté du masculin, chez les « hommes ».
Et si comme le définit Serge Vallon l’institution serait ce qui ne se voit pas de ce qui se voit, un ensemble de processus qui échappent au temps historique, le passé du présent, les dynamiques institutionnelles étaient très fortes chez les femmes mais invisibles à l’oeil nu.
Seul un oeil averti et soucieux du collectif de ses entre deux, de ses à côtés, de l’informel pouvait repérer ces mouvements institutionnels qui permettaient à chacun d’y tenir une place tout en étant le garant de celles des autres.

CECI ÉTANT POSE VOICI QUELQUES HISTOIRES DE VIE, D’AMOUR ET DE MORT

Je suis allée voir récemment au château de Vincennes une exposition au titre évocateur : Détenues
La photographe Bettina Rheims a photographié des femmes détenues, portraits de femmes détenues dans quatre prisons en France.
Si le choix du lieu de l’exposition : la chapelle du château m’a particulièrement irritée, j’y suis quand même allée poussée sans doute par le désir de retrouver quelques visages familiers…
Elles me manquent…
Cette déambulation entre ces visages pour la plupart inconnues m’a beaucoup émue, j’y ai pu enfin pleurer.
Elle a su capter leur regard, regard rempli d’une infinie tristesse et d’un trop plein ou trop vide d’amour présent passé et à venir.
Il est temps maintenant pour moi de vous inviter un peu plus au coeur de mes rencontres.
Difficile de choisir je les ai toutes tant aimé mais bon, le temps m’est compté et c’est heureux :

– Je vais d’abord vous parler d’Éléonore :

Je l’ai rencontré dans les jours qui ont suivi son incarcération.
Jeune belle femme d’une trentaine d’années au regard si triste et à l’envie de mourir si intense.
Figée par l’angoisse elle parle de ce bébé âgé de 3 semaines auquel elle a été arraché. Il a été placé en urgence à la pouponnière.
Elle est là pour avoir dans un énième moment de violence tué son conjoint.
Elle est la maman de 3 autres enfants également placés en foyer depuis quelques années devant la violence qu’ils vivaient au quotidien.
La violence des situations racontées me prend souvent au corps et a pendant longtemps sidéré mes capacité à penser et panser en situation.
Je n’ai pu souvent qu’être là, qu’ accompagner en silence le silence et parfois la mise en mot.
ce temps de réanimation psychique impose que nous nous effacions au rythme de l’autre. Que la présence soignante puisse simplement scander les silences, bercer les émotions, border les turbulences…
En général sur des situations émotionnellement aussi intenses, lorsque c’était possible j’introduisais une triangulation avec l’une des psychologues enfin surtout une (et oui je sais c’est ça l’amour…) et/ou avec l’une des infirmières chacune dans son savoir être.
Avec Eléonore je n’ai jamais pas pu ou pas su.
Nous avons cheminé ensemble pendant 4 ans avec souvent plus de bas que de haut mais bon « bonnant malant » cahin cahan elle est restée debout et a pu à son rythme avancer sur des questions qui l’habitaient depuis si longtemps
Et puis il y a eu le moment de la séparation
Et pour la première fois c’était moi qui partais…
Pendant 23 ans il y en a eu des séparations… c’était toujours elles qui s’en allaient soit retrouver la liberté, soit pour une autre prison, quelques unes pour mourir
Et là ….
Lors de l’entretien pendant lequel j’avais prévu de lui parler de l’imminence de mon départ (jusqu’alors j’avais simplement évoqué mes projets de travail) elle m’annonce dès le début qu’elle a décidé de changer de prison car dit elle : « je ne supporte plus l’ambiance des Baumettes ».
Je sais par mes collègues qu’elle y est toujours.
Je l’en remercie de m’avoir aidé à me séparer.
– Avec Olivia cela a été sportif dès la première minute de notre rencontre !
Je l’ai rencontré à l’hôpital où elle avait été admise au décours des faits quelques mois auparavant.
« comment voulez vous que je continue à vivre sans eux »m’a t elle dit d’emblée.
Si elle n’a jamais remis en question son choix elle a toujours regretté que les secours soit arrivés trop tôt et la sauvent
Elle avait commis l’acte impensable,innommable celui de tuer ses enfants
Le contexte était une nouvelle fois un parcours de vie douloureux empreint de relations familiales d’une extrême complexité
Meurtre altruiste dans un moment mélancolique ? ou expérience délirante persécutoire centrée sur ses enfants et leur père ?
Peu importe…
Avec elle plus qu’avec quiconque je me suis laissée guider, soucieuse de ne pas perdre le fil tenu qui nous permettait d’avancer ensemble.
Nous allions d’étape en étape
la procédure judiciaire scandait le chemin
« J’irai jusqu’au procès il faut que la vérité soit révélé »
Celà nous laissait un peu de temps
Sa conviction était inébranlable et son désespoir immense
« Vous faîtes ce que vous pouvez et je vous en remercie mais ils me manque trop disait elle souvent »
Et puis un soir elle s’en est allée….
– J’ai rencontré Magali avant son arrivée aux Baumettes lors d’une nuit de garde aux urgences où elle avait été amené par la police.
Jeune fille de 15 ans elle était accusée de faits criminels extrêmement grave.
Incarcérée pendant 8 ans elle a grandi avec nous .
La façon bien à elle dont elle occupait l’espace, interpellant avec pertinence et vivacité les professionnels chacun dans leur champ : surveillantes, enseignants, soignants nous a obligé à nous mettre rapidement au travail sous peine d’imploser nous même.
Tissage pluridisciplinaire vivant et contenant.
Avec la psychologue (toujours la même) nous intervenions lorsque cela paraissait nécessaire pour interroger les temporalité de chacun des intervenants en essayant de recentrer sur le rythme propre de Magali.
Comment accompagner ce temps de l’adolescence en prison ?
Comment décoder ses demandes nombreuses et à priori contradictoires ?
Comment éviter les escalades relationnelles symétriques qu’elle semble proposer ?
Comment accepter un fléchissement scolaire alors que jusque là elle était dans le désir de l’enseignant ?
Comment l’accompagner dans les moments de repli et de tristesse ? mais aussi d’agitation et d’explosion ?
Comment accueillir lors de sa première permission son désir « d’aller en boite et de se torcher » en mettant de côté nos propres projection/ identification… d’adultes et de parents…
Comment aider à ne pas la rejeter si elle ne rentre pas dans « les espoirs qu’on avait pour elle »
J’ai souvent entendu « quand même avec tout ce qu’on a fait pour elle »
Et puis au moment ou il nous semblait collectivement qu’était venu pour elle le temps de la sortie avec un aménagement de peine bien travaillé par chacun
la justice a dit non argumentant qu’au regard de la gravité des faits elle n’était pas resté assez longtemps en prison.
Après un temps de sidération nous nous sommes remis au travail….
– Dernière histoire celle de Nadia qui est resté là pendant 10 ans. Envahit par ses voix qui ne lui laissait que peu de répit.
Elle bénéficiait déjà de soins avant l’incarcération.
Très ritualisée, et heureusement repérée par les surveillantes comme « une gentille folle » elle bénéficiait d’une attention particulière de la part de l’administration pénitentiaire et des autres détenues.
Tout le monde prenait quotidienne du temps lorsque elle interrogeait avec plus ou moins de sthénicité l’autre sur ce qu’elle entendait : « ils vont me couper la tête, ils ont parlé de moi à la télé… »
Et puis grâce à l‘engagement d’un service de soin à l’extérieur il lui a été permis de lui offrir 7 ans durant des moments de repos quand l’envahissement de la prison devenait trop persécutoire et qu’elle décidait d’en finir.
En effet toute les demandes d’aménagement de peine avec hospitalisation sur son secteur ont été refusé
mais je suis mauvaise langue puisqu’il lui a été généreusement offert de sortir 3 semaines avant la libération définitive….
Il est temps maintenant d’arrêter là ma rêverie sentimentale…
Je ne les remercieraient jamais assez de m’avoir permis de recueillir et conserver précieusement tous ces matériaux hétéroclites, ces petits moments qui pourront toujours nous servir…
Et si le désir n’est pas uniquement destiné à combler le manque et qu’il tient sa puissance de lui-même quelle aventure en perspective nous attend dans la création du soin à l’UHSA
J’espère avoir l’occasion de revenir bientôt en équipe cette fois pour que nous vous racontions notre voyage…